Surmenage: un ennemi du bien-être mental et physique
- Posted on 01/07/2025 12:09
- Film
- By kolaniyendoumiesther@gmail.com

Extrait de l'article: Le surmenage ne crie pas. Il ne se manifeste pas avec fracas. Il s’infiltre discrètement dans la vie, au fil des semaines, camouflé derrière la productivité, les responsabilités et le dévouement. Il s’installe dans le quotidien comme un invité discre
Le surmenage ne crie pas. Il ne se manifeste pas avec fracas. Il s’infiltre discrètement dans la vie, au fil des semaines, camouflé derrière la productivité, les responsabilités et le dévouement. Il s’installe dans le quotidien comme un invité discret, jusqu’au jour où il devient trop lourd à porter. C’est là toute sa dangerosité, il se construit en silence
Dans la société de la
performance, la surcharge devient souvent la norme. On enchaîne les réunions,
les deadlines, les notifications, tout en jonglant avec la vie personnelle :
les enfants, le ménage, les courses, les rendez-vous. Cette somme de tâches, de
sollicitations et de responsabilités constitue ce qu’on appelle la charge
mentale. Le cerveau est en état d’alerte quasi permanent, contraint de tout
anticiper, de tout contrôler. Ainsi, le système nerveux s’épuise, sans que l’on
s’en rende forcément compte. Cet engagement envers le travail est nécessaire.
Si le travail n’était pas important pour soi, on n’arriverait probablement pas
à dépasser ses limites. C’est là le paradoxe, ce sont souvent les personnes les
plus investies, les plus consciencieuses, qui s’épuisent en silence. Le
surmenage touche ceux qui veulent bien faire, qui veulent surtout tout faire
jusqu’à l’effondrement.
Les signaux du corps et de
l’esprit
Le surmenage n’est pas un simple
coup de fatigue. C’est une saturation progressive de l’être humain qui
s’exprime sur trois plans dont le corps, le cognitif et les émotions.
Sur le plan physique, les signes
sont variés dont les tensions musculaires, notamment dans le dos, la nuque ou
la mâchoire, les maux de tête, les troubles digestifs, les troubles du sommeil.
Le corps tente de résister, mais il s’essouffle. Le stress, au lieu de
stimuler, devient un facteur d’usure. Le stress chronique finit par affaiblir
le système immunitaire, la personne peut aller jusqu’à tomber malade.
Sur le plan cognitif, la
personne surmenée a du mal à se concentrer, perd la mémoire à court terme
(mémoire de travail), se sent dans un état de flou mental ou une sensation
subjective de confusion caractérisée par une difficulté à penser clairement. La
charge mentale devient brumeuse. Les décisions sont plus longues à prendre,
l’efficacité s’effondre. Ce qui pousse à compenser en travaillant davantage,
prolongeant ainsi le cercle vicieux.
Sur le plan émotionnel,
l’irritabilité monte. La sensibilité est à fleur de peau. La personne sujette
réagit de manière excessive à des détails, et se sent à bout pour des raisons
qui paraissent minimes. Le surmené peut se sentir incompris, seul, parfois même
coupable de « ne pas y arriver ».
Une spirale silencieuse mais
destructrice
Le piège du surmenage, c’est
qu’il s’installe progressivement. Les signaux d’alerte sont souvent banalisés.
On se dit que « ça va passer », que «c’est juste une mauvaise passe, qu’il faut
tenir bon ». Progressivement, l’individu s’adapte, repousse ses limites. Il
fait taire son corps et ses émotions jusqu’au jour où tout s’effondre.
Au-delà de six mois de stress
continu, le risque de l’épuisement devient réel. Ce n’est plus une fatigue
passagère, mais un effondrement émotionnel profond. Et plus on tarde à réagir,
plus la récupération sera longue et difficile.
Sortir du surmenage : casser la
routine
Face à un proche en surmenage,
le réflexe naturel est de lui conseiller de « se reposer ». Or, c’est une
erreur fréquente. Le surmenage ne fatigue pas seulement, il dévitalise. Revenir
simplement à une routine de « boulot-dodo » après une pause ne suffit pas. Il
faut se reconnecter à soi, à ce qui ressource vraiment. Changer
d’environnement, retrouver des activités plaisantes, se déconnecter mentalement
du travail, s’aérer l’esprit. Voilà les premiers pas vers la guérison. Une
balade en forêt, un week-end sans écrans, une séance de sport peuvent avoir
plus d’effet qu’un long sommeil. À cela s’ajoute l’importance d’une hygiène de
vie saine. Il faut adopter une alimentation équilibrée, un bon sommeil, une
activité physique régulière, et surtout une capacité à poser des limites.
Apprendre à dire non, à déléguer, à se protéger.
Le surmenage de nos jours est
désigné sous la terminologie «Burnout», est reconnu par l’OMS dans la CIM-11
publiée en 2019 comme un syndrome professionnel, mais comme une maladie
mentale.
Raymond DZAKPATA
Article validé par Dr Zinsou Selom Degboe, Psychologue clinicien et Psychothérapeute à la Clinique de Psychiatrie et de Psychologie Médicale (CPPM) au CHU Campus de Lomé