Surmenage: un ennemi du bien-être mental et physique

Surmenage: un ennemi du bien-être mental et physique
Extrait de l'article: Le surmenage ne crie pas. Il ne se manifeste pas avec fracas. Il s’infiltre discrètement dans la vie, au fil des semaines, camouflé derrière la productivité, les responsabilités et le dévouement. Il s’installe dans le quotidien comme un invité discre

Le surmenage ne crie pas. Il ne se manifeste pas avec fracas. Il s’infiltre discrètement dans la vie, au fil des semaines, camouflé derrière la productivité, les responsabilités et le dévouement. Il s’installe dans le quotidien comme un invité discret, jusqu’au jour où il devient trop lourd à porter. C’est là toute sa dangerosité, il se construit en silence

Dans la société de la performance, la surcharge devient souvent la norme. On enchaîne les réunions, les deadlines, les notifications, tout en jonglant avec la vie personnelle : les enfants, le ménage, les courses, les rendez-vous. Cette somme de tâches, de sollicitations et de responsabilités constitue ce qu’on appelle la charge mentale. Le cerveau est en état d’alerte quasi permanent, contraint de tout anticiper, de tout contrôler. Ainsi, le système nerveux s’épuise, sans que l’on s’en rende forcément compte. Cet engagement envers le travail est nécessaire. Si le travail n’était pas important pour soi, on n’arriverait probablement pas à dépasser ses limites. C’est là le paradoxe, ce sont souvent les personnes les plus investies, les plus consciencieuses, qui s’épuisent en silence. Le surmenage touche ceux qui veulent bien faire, qui veulent surtout tout faire jusqu’à l’effondrement.

Les signaux du corps et de l’esprit

Le surmenage n’est pas un simple coup de fatigue. C’est une saturation progressive de l’être humain qui s’exprime sur trois plans dont le corps, le cognitif et les émotions.

Sur le plan physique, les signes sont variés dont les tensions musculaires, notamment dans le dos, la nuque ou la mâchoire, les maux de tête, les troubles digestifs, les troubles du sommeil. Le corps tente de résister, mais il s’essouffle. Le stress, au lieu de stimuler, devient un facteur d’usure. Le stress chronique finit par affaiblir le système immunitaire, la personne peut aller jusqu’à tomber malade.

Sur le plan cognitif, la personne surmenée a du mal à se concentrer, perd la mémoire à court terme (mémoire de travail), se sent dans un état de flou mental ou une sensation subjective de confusion caractérisée par une difficulté à penser clairement. La charge mentale devient brumeuse. Les décisions sont plus longues à prendre, l’efficacité s’effondre. Ce qui pousse à compenser en travaillant davantage, prolongeant ainsi le cercle vicieux.

Sur le plan émotionnel, l’irritabilité monte. La sensibilité est à fleur de peau. La personne sujette réagit de manière excessive à des détails, et se sent à bout pour des raisons qui paraissent minimes. Le surmené peut se sentir incompris, seul, parfois même coupable de « ne pas y arriver ».

Une spirale silencieuse mais destructrice

Le piège du surmenage, c’est qu’il s’installe progressivement. Les signaux d’alerte sont souvent banalisés. On se dit que « ça va passer », que «c’est juste une mauvaise passe, qu’il faut tenir bon ». Progressivement, l’individu s’adapte, repousse ses limites. Il fait taire son corps et ses émotions jusqu’au jour où tout s’effondre.

Au-delà de six mois de stress continu, le risque de l’épuisement devient réel. Ce n’est plus une fatigue passagère, mais un effondrement émotionnel profond. Et plus on tarde à réagir, plus la récupération sera longue et difficile.

Sortir du surmenage : casser la routine

Face à un proche en surmenage, le réflexe naturel est de lui conseiller de « se reposer ». Or, c’est une erreur fréquente. Le surmenage ne fatigue pas seulement, il dévitalise. Revenir simplement à une routine de « boulot-dodo » après une pause ne suffit pas. Il faut se reconnecter à soi, à ce qui ressource vraiment. Changer d’environnement, retrouver des activités plaisantes, se déconnecter mentalement du travail, s’aérer l’esprit. Voilà les premiers pas vers la guérison. Une balade en forêt, un week-end sans écrans, une séance de sport peuvent avoir plus d’effet qu’un long sommeil. À cela s’ajoute l’importance d’une hygiène de vie saine. Il faut adopter une alimentation équilibrée, un bon sommeil, une activité physique régulière, et surtout une capacité à poser des limites. Apprendre à dire non, à déléguer, à se protéger.

Le surmenage de nos jours est désigné sous la terminologie «Burnout», est reconnu par l’OMS dans la CIM-11 publiée en 2019 comme un syndrome professionnel, mais comme une maladie mentale.

Raymond DZAKPATA

Article validé par Dr Zinsou Selom Degboe, Psychologue clinicien et Psychothérapeute à la Clinique de Psychiatrie et de Psychologie Médicale (CPPM) au CHU Campus de Lomé

Auteur
santé éducation
Rédacteur
Esther KOLANI

Le surmenage ne crie pas. Il ne se manifeste pas avec fracas. Il s’infiltre discrètement dans la vie, au fil des semaines, camouflé derrière la productivité, les responsabilités et le dévouement. Il s’installe dans le quotidien comme un invité discre

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