Prise en charge du diabète : renforcer les prestataires de soins en éducation thérapeutique du patient
- Posted on 21/10/2025 12:31
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- By abelozih@sante-education.tg
Extrait de l'article: L’ONG Mutualistes sans frontières, en collaboration avec la division de la surveillance des maladies non transmissibles organise du 17 octobre au 03 novembre à Lomé, un atelier de formation sur l’éducation thérapeutique du patient diabétique de type
L’ONG
Mutualistes sans frontières, en collaboration avec la division de la
surveillance des maladies non transmissibles organise du 17 octobre au 03 novembre à Lomé, un atelier de formation sur l’éducation
thérapeutique du patient diabétique de type 2, à l’intention d’une cinquantaine
de prestataires de santé du Grand Lomé. L’objectif est de
permettre aux soignants de mieux accompagner les patients dans la gestion
quotidienne de leur diabète.
Face
à la progression silencieuse mais alarmante du diabète au Togo, les experts
s’accordent sur un point essentiel : les soins médicaux ne suffisent plus.
L’arme la plus puissante pour lutter durablement contre cette maladie chronique
est entre les mains des prestataires de santé… à condition qu’ils soient formés
à l’éducation thérapeutique du
patient (ETP).
Durant ces
jours de travail, médecins généralistes
pharmaciens, paramédicaux, éducateurs du diabète et pairs éducateurs vont
comprendre mieux la physiopathologie et les facteurs de risque du diabète,
maîtriser les protocoles nationaux de dépistage et de suivi, approfondir leurs
connaissances sur l’éducation thérapeutique du patient (ETP). A travers
cette formation, ils seront bien outillés pour accompagner les communautés dans
la promotion de modes de vie sains. La formation est assurée par Dr Serges Kodjo,
endocrinologue, diabétologue et nutritionniste au CHU Sylvanus Olympio et Mme
Patricia Cohen Solal, infirmière diplômé d’Etat (IDE) et diététicienne de Nice
(France).
Elle
s’inscrit dans le cadre du projet « Maison du diabète », qui est un dispositif
d’accueil de patient atteint de diabète de type 2 et de type gestationnel. Le
but de ce projet est de favoriser la prévention des risques sanitaires liés au
diabète ainsi que de développer un parcours de prévention et d'accompagnement
en collaboration avec les professionnels de santé et spécialistes français et
togolais. ![]()
Le
projet « Maison du Diabète » est porté par le Comité de Développement
de Bè, le Centre Communautaire de Bè, les Mairies du Golfe, la Maison du
Diabète et des risques cardiovasculaires des Alpes-Maritimes et Mutualistes
Sans Frontières.
L’éducation
thérapeutique, une partie intégrante et permanente de la prise en
charge du patient
Selon
l’enquête STEPS 2021, au sein de la population de 18 à 69 ans, la prévalence du
diabète est de 4,9%. Face à ce constat, l’éducation thérapeutique du patient diabétique s’affirme
comme une stratégie centrale pour améliorer la prise en charge, favoriser
l’autonomie des malades et prévenir les complications.
Selon Dr Serges Kodjo, l’éducation thérapeutique ne consiste pas seulement en un « cours » donné au patient, mais en un dialogue, en co-construction d’un projet de soin avec le patient, en prenant en compte ses priorités, ses contraintes, ses ressources. « Le prestataire de soins doit donner au patient des connaissances sur sa maladie (type de diabète, complications possibles, rôle de l’alimentation, de l’exercice, des traitements) et lui transmettre des compétences pour gérer sa vie quotidienne et surtout encourager une posture d’acteur de sa santé », indique-t-il.

L’éducation thérapeutique du patient
consiste à aider les malades à acquérir des compétences pour mieux gérer leur
maladie. Elle implique une approche continue, interactive, centrée sur la
personne et son vécu. Des études menées dans d’autres pays d’Afrique de
l’Ouest, comme au Bénin ou au Mali, montrent que les patients suivis dans le
cadre de programmes d’ETP ont un meilleur contrôle glycémique, prennent plus
régulièrement leurs médicaments, et adoptent des comportements de santé plus
durables. L’ETP, renchérit Mme Patricia Cohen Solal, permet d’améliorer la qualité
de vie des personnes atteintes de diabète, réduire le nombre de complications
du diabète en améliorant l’équilibre glycémique et le suivi. « L’éducation
thérapeutique c’est un outil incontournable de la prise en charge des maladies
chroniques, nécessaire à la motivation et à l’acquisition de connaissances, de
compétences et d’attitudes appropriées par le patient », a précisé Mme Cohen
Solal.
La
vice-présidente de l’ONG Mutualistes
Sans Frontières, Mme Nora Mallem, a réaffirmé son engagement à renforcer les
capacités locales pour une meilleure prise en charge des maladies chroniques,
dans une approche humaine, solidaire et durable.
Le Pr Mofou Belo,
chef division
de la surveillance des maladies non transmissibles, a montré
que la prévalence du diabète est en constante augmentation, en lien avec les
changements de mode de vie, l’urbanisation rapide, la sédentarité et les
habitudes alimentaires peu saines. Cette situation appelle une réponse urgente,
coordonnée et durable, reposant sur la prévention, le dépistage précoce et une
prise en charge adéquate des personnes atteintes, a-t-il recommandé.
La
lutte contre le diabète ne se gagnera pas uniquement dans les laboratoires ou
les hôpitaux, mais aussi dans les centres de santé, les maisons, les marchés,
les villages… à travers des soignants mieux formés,
capables de transmettre les bons gestes et la bonne information. L’avenir de
milliers de patients diabétiques togolais en dépend.
William O.